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La fin du télétravail a-t-elle sonné ?

  • antoinevalle
  • 11 nov. 2024
  • 6 min de lecture

Si le télétravail a été largement plébiscité ces dernières années, le soufflé semble retomber. De plus en plus d’employeurs imposent en effet à leurs collaborateurs plusieurs jours de présence dans leurs locaux, voire un retour total au bureau. Alors que certains érigent le travail à distance en symbole de modernité et d’épanouissement professionnel, les GAFAM et bon nombre d’entreprises font machine arrière. Quelles sont les raisons de ce revirement brutal de situation ? La fin du télétravail est-elle pour bientôt ? L’équipe de Rinnovo fait le point.


Fin du télétravail possible, illustrée par un homme assis de dos à son bureau devant deux écrans d'ordinateur

Télétravail en entreprise : état des lieux


Vous vous en souvenez : la pandémie mondiale de COVID-19 et le confinement ont imposé le télétravail. Certes, cette tendance existait déjà auparavant dans les grands groupes et certaines entreprises, mais elle s’est fortement accentuée en 2020.


Un avant et après la pandémie de COVID-19


D’après Statista, la part des salariés français travaillant à distance occasionnellement ou régulièrement était de 25 % en 2017, contre 36% en 2024. Le pic a été atteint en 2020, avec 41 % de télétravailleurs lors de la crise sanitaire.


Les statistiques de l’INSEE indiquent que 47 % des entreprises ont eu recours au télétravail en 2023. Sans grande surprise, les secteurs professionnels qui en proposent le plus à leurs employés sont ceux de l’information et de la communication, ainsi que les activités financières et d’assurance. Les accords triennaux conclus à l’époque du COVID touchent aujourd’hui à leur fin, et une période de renégociation émerge en matière de télétravail.


Une tendance généralisée dans les grands groupes


Si ce sont plutôt les grands groupes qui avaient mis en place des politiques de télétravail, notamment dans une logique de flex office, nous notons une forme de retour en arrière ces derniers mois. C’est le cas chez les géants de la technologie comme Apple, Facebook et Google, et plus récemment chez Amazon ou Ubisoft France.


À la mi-octobre, plus de 700 salariés d’Ubisoft France ont clamé leur mécontentement en se mettant en grève. Alors que le groupe proposait à ses employés une politique de télétravail plutôt souple, il leur impose désormais au moins 3 jours de présence dans ses locaux par semaine.


Pourquoi faire machine arrière en matière de télétravail ?


Face à la tendance bien ancrée du télétravail, de nombreuses entreprises exigent un retour au bureau. 5 grandes raisons motivent cette décision chez les employeurs.


1 – L’épineuse question de la productivité


Le sujet de la productivité suscite bien des débats lorsqu’il est question de télétravail. Même si bon nombre de salariés se disent plus efficaces à distance pour effectuer certaines tâches, aucune étude ne prouve que la productivité s’accroît ou non dans un contexte de télétravail.


La motivation et la rigueur peuvent baisser avec le temps, notamment chez les nouvelles recrues ou chez les employés qui ont besoin d’être accompagnés. Le cadre présentiel stimule la productivité collective.


2 – La mesure des performances


Comparé à ses voisins européens, le management en France reste attaché à la présence des salariés, ce qui explique des approches plus prudentes vis-à-vis du télétravail. Certains employeurs estiment que la mesure des performances reste plus fiable en présentiel. Le management à distance ne va pas forcément de soi. Sur place, les managers peuvent se rendre compte en temps réel de l'investissement de leurs équipes, réagir en proposant des ajustements immédiats et maintenir un rythme de travail efficace.


3 - L’apprentissage informel au bureau


Vous en avez déjà été témoin : les réunions en visio manquent de spontanéité et limitent les discussions informelles qui surviennent habituellement au détour d’un couloir ou autour de la machine à café. Le travail en présentiel favorise les interactions tout au long de la journée, et les employés expérimentés sont plus accessibles.


Pour les entreprises, le retour au bureau est un moyen de préserver la transmission des savoirs et des pratiques internes. Cet apprentissage se traduit par des coachings informels, plus difficiles à instaurer à distance. Cela facilite les échanges, le transfert de connaissances et la collaboration.


4 – La stimulation de la créativité en présentiel


Les sessions de brainstorming en visio manquent de sel, elles aussi. La proximité laisse plus de place aux échanges et aux débats, ce qui constitue un cadre propice pour faire émerger des idées nouvelles.


C’est pourquoi les employeurs considèrent le retour au bureau comme une manière de stimuler la créativité de leurs salariés. C’est notamment le cas dans les secteurs de la tech, où cette dynamique est perçue comme un facteur clé de compétitivité.


5 – La préservation de l’identité collective


La culture d’entreprise repose sur des valeurs, des petites habitudes et des interactions quotidiennes propices à souder les équipes. En télétravail, ce lien culturel est plus superficiel. Les moments de convivialité et les discussions spontanées s’en trouvent réduits. L’éloignement peut éroder l’esprit d’équipe et rendre plus abstraits les valeurs et objectifs de l’entreprise.


En ramenant les équipes au bureau, les employeurs espèrent faire renaître ce sentiment d’appartenance, tout en redonnant une place aux rituels qui jalonnent la semaine et participent à l’identité collective. D’ailleurs, une culture d’entreprise vivante n’est-elle pas cruciale pour fidéliser les talents et maintenir l’investissement à long terme des collaborateurs ?


Fin du télétravail : la pilule ne passe pas chez les salariés


Face aux obligations de retour en présentiel, les salariés n’ont pas tardé à exprimer leur mécontentement. Qu’il s’agisse du mouvement de grève chez Ubisoft ou de la multiplication des contestations chez Amazon, cette décision entraîne son lot de tensions sociales.


Un acquis social dans le domaine professionnel aux yeux des collaborateurs


Après des années de télétravail, de nombreux salariés considèrent cette flexibilité comme un acquis social dans le domaine professionnel. Ils voient le retour imposé au bureau comme un recul, voire une forme de contrôle de la part des entreprises. De leur côté, certains syndicats arguent qu’il est impératif de protéger les droits des salariés et de conserver une flexibilité devenue la norme. Ils y voient une mesure coercitive injustifiée.


Ce sentiment s’exprime majoritairement chez les jeunes générations et les cadres, les populations les plus qualifiées étant celles qui accèdent majoritairement au télétravail. La flexibilité apparaît alors comme un critère fondamental d’épanouissement au travail. Ce rejet du retour en présentiel est d’autant plus prononcé que certains ont déménagé loin des locaux de leur entreprise.


Un facteur de démission chez les employés


De nombreux collaborateurs sont prêts à quitter le navire si le télétravail diminue ou disparaît. 45 % des cadres considèrent que la suppression du télétravail constitue une bonne raison de quitter leur emploi. Les 18-24 ans sont 64 % à partager cet avis (OpinionWay, décembre 2023 et APEC, mars 2024).


Ce phénomène est d’autant plus notable dans les entreprises où les nouvelles règles de présence ont entraîné des démissions en cascade. Avec des politiques de télétravail plus rigides, les entreprises risquent de perdre certains de leurs salariés au profit d'autres sociétés, surtout dans les secteurs où l’on s’arrache les talents.


Notez toutefois que la tendance est favorable aux employeurs dans les négociations avec les salariés. Le chômage tend à augmenter et les travailleurs risquent de ne pas retrouver un emploi aussi facilement qu’ils le voudraient. En tout cas, la conjoncture pourrait les dissuader de claquer la porte de leur entreprise.


L’avis des salariés est très important pour les candidats. Des opinions négatives de la part des collaborateurs peuvent nuire à la réputation de l’entreprise et aux futurs recrutements, surtout dans un marché de l’emploi où la flexibilité vaut son pesant d’or.


Une nouvelle organisation plutôt qu’une disparition totale du télétravail


Le télétravail est-il voué à disparaître au vu des dernières actualités ? Si certaines entreprises le réduisent, elles ne le bannissent pas pour autant, bien conscientes de la nécessité de maintenir une forme de flexibilité. La sociologue et chercheuse Marianne Le Gagneur va dans ce sens, en affirmant que ce n’est pas la fin du télétravail. Elle souligne toutefois les disparités qui existent entre salariés, d’autant plus que le travail à distance ne prémunit pas du burn-out.


Vers une organisation hybride


La solution pourrait se trouver dans une organisation hybride, au carrefour des aspirations des employés et des exigences des employeurs. Les entreprises privilégient de plus en plus ce modèle, qui combine jours de télétravail et de présence au bureau. Il pourrait bien s’imposer comme la formule gagnante, puisqu’il permet de préserver à la fois l’émulation collective en présentiel et les avantages du travail à distance.


Ce type de modèle pourrait se structurer autour de 3 jours de présence obligatoire au bureau, pour les réunions ou les projets collaboratifs par exemple, et de 2 jours de télétravail pour les tâches qui demandent plus de concentration individuelle. Cette organisation préserve la flexibilité sans étioler la cohésion d’équipe.


Cultiver l’esprit d’équipe


Cette nouvelle organisation ne peut être viable à long terme si les interactions et la cohésion d’équipe ne restent pas centrales. Cela repose sur des journées passées en équipe, des activités de team-building, ou encore des espaces de co-working internes conçus pour encourager les échanges informels.


La fin du télétravail ne semble pas être pour demain, mais il importe de réfléchir à une organisation adaptée à la fois aux attentes des collaborateurs et aux impératifs des entreprises. Vous désirez mettre en place une stratégie de recrutement qui résonne avec ces nouveaux défis ? Bien conscients de ces évolutions, nous vous aidons à bâtir des équipes solides et épanouies.

 
 
 

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