top of page
  • antoinevalle

Burn-out des avocats : une profession surexposée

Exigences de productivité élevées, heures de travail à rallonge, complexité des dossiers, délais serrés. De nombreux facteurs créent un climat de tension et de stress chronique dans les professions juridiques. Et les avocats n’y échappent pas. À tel point qu’un avocat sur deux estime avoir déjà été proche du burn-out à cause de la profession.


Lorsque la pression devient trop importante, certains professionnels subissent un état de fatigue émotionnelle, mentale et physique intense. Toutes les conditions du burn-out, ou syndrome d’épuisement professionnel, sont alors réunies.


Les chiffres de la grande enquête sur la qualité de vie en cabinet d’avocats s’avèrent édifiants. Parmi les avocats estimant avoir frôlé le burn-out, 56 % sont des avocats collaborateurs, 14 % des avocats associés en exercice individuel et 29 % des élèves-avocats.


Malgré ce constat, le sujet reste tabou dans le secteur juridique. Les raisons ? La pression sociale, la peur de la stigmatisation, l’angoisse de voir sa carrière d’avocat entachée, ou encore le culte de la performance. L’équipe de Rinnovo fait le point sur la surexposition des avocats au burn-out et vous propose des pistes pour le prévenir au sein des cabinets.



Personne en train de se noyer, appelant au secours avec sa main hors des vagues, métaphore du burn-out chez les avocats


Les 5 causes majeures du burn-out des avocats


Les avocats représentent une population à risque en matière d’épuisement professionnel. Marina Bourgeois, fondatrice du cabinet Oser rêver sa carrière, met en avant un triste constat. Des avocats collaborateurs de plus en plus jeunes sont confrontés au burn-out, parfois après un ou deux ans d’exercice seulement. La consultante précise que la plupart des facteurs de ce mal-être sont liés aux conditions-mêmes de la profession d’avocat.


1 – L’abnégation exigée par la profession d’avocat


Le métier d’avocat peut vite se transformer en sacerdoce. Le rythme de cette profession juridique reste à la fois exigeant et soutenu. Aux journées de travail qui n’en finissent pas et aux soirées sacrifiées, se superposent des échéances serrées à tenir. Marina Bourgeois souligne que les urgences et le « rush » permanent permettent difficilement de relâcher la pression dans la sphère du droit. Clients, collègues, tribunaux et instances juridiques peuvent solliciter les avocats en permanence durant les astreintes. La disponibilité sous-entendue en dehors des heures de travail laisse peu de temps pour soi et génère un stress permanent.


2 – Le déséquilibre entre vie privée et vie professionnelle


L’équilibre fragile entre vie privée et vie professionnelle a un véritable retentissement sur le couple et la vie de famille des avocats. Les exigences professionnelles intenses et les longues heures de travail restreignent comme peau de chagrin les heures à consacrer à sa vie personnelle. Elles laissent peu de place aux loisirs et aux activités de détente.


Du fait du manque de temps pour se reposer, se ressourcer et mener une vie sociale épanouie, la fatigue physique et psychologique s’accumule. Il devient alors compliqué pour un avocat d’affronter les pressions professionnelles et de ne pas se laisser submerger par les injonctions quotidiennes. Le salaire des avocats représente un réconfort bien moindre face à l’accumulation de stress.


3 – La culture de l’excellence


D’après Marina Bourgeois, le caractère prestigieux de la profession induit une culture de l’excellence dans le milieu du droit. L’étiquette qui colle au métier d’avocat fait naître des attentes élevées en matière de performance et de résultats. Comment ne pas être tenté alors de tendre constamment vers la perfection ? Les responsabilités inhérentes au métier renforcent cette pression, avec une auto-exigence exacerbée à la clé.


4 – Les particularités du statut libéral et le sentiment de culpabilité


Si le statut libéral possède ses avantages, il présente également son lot d’inconvénients, notamment l’absence de droits au chômage. Ainsi, peu d’avocats prennent en considération les signaux d’épuisement que leur corps leur envoie. Ce n’est jamais le bon moment : il est impensable d’abandonner les équipes, il faut tout donner pour que tel ou tel contrat aboutisse.


Les avocats associés doivent absolument trouver des clients pour pouvoir vivre de leur activité et rentabiliser leur cabinet. La plupart des professionnels sont tentés de continuer, encore et toujours, notamment parce qu’un fort sentiment de culpabilité ne les quitte pas. Ils estiment qu’ils n’ont pas le droit de flancher. Si leurs collègues tiennent le coup, pourquoi pas eux ? Ainsi, la simple pensée de s’arrêter et de prendre soin de sa santé mentale sonne comme un aveu de faiblesse.


5 – Des conflits d’égo


Les conflits d’égo favorisent également une atmosphère individualiste, gangrenée par la compétition. Pour se démarquer de la concurrence et construire sa réputation, chaque avocat cherche à prouver ses compétences et sa notoriété. Les querelles et les jeux de pouvoir créent un climat toxique, une situation épuisante émotionnellement et psychologiquement.


Mise au placard, manque de reconnaissance, climat de peur, appels incessants, injonction à justifier des absences couvertes par des arrêts maladie, voire harcèlement. Les exemples exposés dans le bilan de la grande enquête sur le bien-être des avocats pour Pamplemousse Magazine prouvent à quel point un management autoritariste et des relations associés/collaborateurs malsaines font monter le stress crescendo dans un cabinet.


Bon à savoir : 35 % des collaborateurs considèrent un management délétère comme un facteur de stress important.



Quels sont les signes d’un burn-out potentiel ?


L’épuisement professionnel s’installe progressivement et insidieusement. Le stress chronique laisse parfois place à la dépression. Avocat collaborateur ou associé, homme ou femme, justifiant de 5 ou 15 ans de carrière, au barreau de Paris ou d’une autre ville, chacun peut être touché par ce syndrome. Apprendre à repérer les signes du burn-out est essentiel pour prendre des mesures préventives et protéger sa santé mentale.


Dans sa fiche mémo, la Haute autorité de santé précise la nature de ces symptômes et en donne des exemples concrets.

  • Manifestations physiques : troubles du sommeil, troubles musculo-squelettiques, migraines, vertiges, troubles gastro-intestinaux.

  • Manifestations émotionnelles : tristesse, manque d’entrain, anxiété, irritabilité, hypersensibilité.

  • Manifestations cognitives : difficultés de concentration, trous de mémoire, troubles de l’attention.

  • Manifestations comportementales et sociales : repli sur soi, isolement social, comportement agressif, ressentiment, hostilité, manque d’empathie.

  • Manifestations motivationnelles : baisse de la motivation et du moral, remise en cause professionnelle, dévalorisation, désengagement progressif, perte de sens au travail.



3 pistes pour prévenir le burn-out au sein des cabinets


La prévention du burn-out au sein des cabinets repose sur une meilleure formation au management, des recrutements plus ciblés et une culture d’entreprise favorisant la flexibilité ainsi que l’équilibre vie privée/vie professionnelle des collaborateurs. Indéniablement, les associés ont un rôle clé à jouer de ce côté.



1 – Former les associés au management


Un management délétère crée des conditions de travail anxiogènes, en plus de freiner l’épanouissement des équipes et d’accroître le taux de turn-over. Chiffres intéressants extrait de l’enquête sur le bien-être des avocats : 85 % des associés ont conscience qu’ils ne sont pas bien formés au management. Et 78 % des avocats collaborateurs pensent que leurs managers ne sont pas bien, voire pas du tout, formés aux techniques de management. D’où l’importance de s’emparer de cette problématique.


Bien entendu, la plupart des associés sont loin d’être des managers tyranniques. Néanmoins, prendre conscience des difficultés propres au management constitue déjà un premier pas vers des relations plus apaisées au sein des cabinets. Manager ses équipes, cela s’acquiert par la formation, et les résultats se font rapidement sentir : communication plus ouverte, capacité à dire sa reconnaissance et à formuler des remarques constructives, résolution de conflits, meilleur esprit d’équipe.


2 – Recruter des candidats compatibles avec la culture du cabinet


La prévention du burn-out des avocats commence dès la phase de recrutement. Les candidats que vous recrutez sont-ils alignés avec la culture du cabinet ? S’ils partagent les mêmes valeurs, ils sont davantage susceptibles de s’intégrer facilement dans la structure existante, de s’y épanouir et de contribuer à son équilibre.


Lors d’un processus de recrutement, il est capital de veiller à l’adéquation entre la personnalité du candidat et l’environnement de travail offert par l’entreprise. C’est ainsi que procède le cabinet de recrutement Rinnovo. Notre équipe ne se contente pas de sélectionner les futurs talents sur la seule base de leurs compétences techniques et de leurs expériences. Elle s’attache également à sonder les soft-skills et la personnalité des futurs avocats collaborateurs pour le poste à pourvoir.


3 – Favoriser une culture d’entreprise saine et humaniste


Dernière piste pour prévenir le burn-out dans les cabinets : encourager l’équilibre vie professionnelle/vie privée grâce à la culture d’entreprise. Cela envoie un message clair sur l’importance accordée à l’épanouissement au sein de l’entreprise. Encouragez les collaborateurs à prendre leurs congés et à ne pas se lancer dans une course à l’égo. Exit les appels sur le temps libre.


Au sein des équipes, de nombreux talents recherchent plus de flexibilité. Chacun possède des besoins et des préférences en matière d’organisation du travail. Aussi, offrez plus d’autonomie, des horaires de travail davantage flexibles et éventuellement des options de télétravail.



Impossible de nier la surexposition des avocats à l’épuisement professionnel. Un tiers d’entre eux délaissent la robe avant leur dixième année de barreaux pour une autre profession juridique ou une reconversion totale en dehors du droit, vers un métier sans pression. Malgré tout, il reste possible de prévenir le burn-out. Cela passe par une sensibilisation des managers, une réflexion quant à la culture d’entreprise, ainsi qu’un recrutement basé sur la compatibilité entre le candidat et les valeurs du cabinet. Fort de son expertise, Rinnovo vous accompagne sur ce dernier point.

573 vues0 commentaire
bottom of page